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L'assemblée     sanglante

12 Novembre 2011,

Un bruit de détonation... Premier aboiement...

Deuxième aboiement...

Et une horde mêlant chiens et bipèdes surgissant de la pénombre.

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Le récit d'un affrontement sanguinolent, baigné par la lumière blafarde d'une pleine lune que les clans ne sont pas prêts d'oublier.

REWIND STOP AND PLAY

 

Alors que la trêve commence et que la lune est à son apogée, deux guerrières - Eclair d’Argent et Petit Ecureuil - pressentent quelque chose de terrible. A peine les félins sont-ils réunis et les chefs présents qu’une troupe de chasseurs armés flanqués de leurs chiens débarquent : les deux camps se contemplent quelques fractions de secondes dans la stupéfaction la plus totale, quand tout à coup, Petit Ecureuil lance le signal d’attaque. S’ensuit un affrontement traumatisant entre bipèdes et chats : dans les deux camps les blessés se mettent à pleuvoir et certaines balles perdues achèvent des chiens d’un seul coup, confirmant aux guerriers claniques la dangerosité des étranges tubes métalliques portés par les hommes. 

Chefs et lieutenants de l’époque 
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Aube : Etoile d’Eclipse et Âme de Feu.
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Nuit :   Etoile de Saphir et Nuit de Neige.
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Soir : Etoile de Sagesse et Coeur de Lion.




Combattants et blessés identifiés 

 


Aube :  Âme de Feu (par balle - patte arrière), Poussière d’Etoile (par balle - patte arrière), Lune Argentée (par balle), Eclat de Cannelle,               Nuage de Soleil, Bulle de Champagne, Griffe du Temps...


Nuit :    Etoile de Saphir (par balle -poitrine), Nuit de Neige, Petit Ecureuil (par balle -épaule), Nuage, Eclair d’Argent, Coeur Veineux,                       Coeur de Loup (éborgné), Oeil du Léopard (éborgné)...


Soir :    Feuille Argentée (guérisseuse),Nuage du Printemps (apprentie guérisseuse), (inconnus au bataillon)…

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Accrochez-vous bien les chatons, et plantez du mieux que vous pouvez vos petites griffes dans le sol, car le récit que vous vous apprêtez à entendre - celui d'une guerrière défunte depuis bien des lunes - promet d'être chavirant...

Nous étions jeunes guerrières à l’époque, Éclair d’Argent et moi. Tsss, quand j’pense que nos histoires sont tombées dans l’oubli. Ainsi sont condamnés les fous ou les non-chefs : leurs noms dépérissent avec leur corps et, quelque fois par des heureux miracles, on en retrouve les ossements. Dans une grande exclamation, on se dit alors : « Bon sang ! Dire qu’aujourd’hui on en entend plus parler ! Une nouvelle anecdote à raconter, ça ! » Anecdote... Peut-être bien qu’c’te bataille aussi est anecdotique, tiens… ! Quelle foutaise. Quelle incroyable hypocrisie. Dire que tout ce temps j’ai été si follement aveuglée par le prétendu « amour du prochain » qu’on scande dans les Clans ! M’enfin, il y en avait encore un peu lors de ce combat. Mais, encore une fois, pas chez les membres du Clan de la Nuit… 
On se souvient de ces derniers comme de grands combattants : larges d’épaules, et caetera, et caetera, mais ce qu’on omet de dire, c’est que le Clan de l’Aube était à son apogée à cette période. Ce soir-là, on avait pressenti quelque chose de menaçant dans l’air. J’étais collée à
Éclair d’Argent quand le premier cri a retenti, puis un second un peu plus tard alors que la combe se remplissait. Étoile de Saphir a posé sur nous un regard aussi interrogateur que sceptique, mais on ne l’a pas vraiment remarqué. J’m’en souviens maintenant que j’y repense mais alors que quelque chose se tramait juste à côté de nous, vous croyez vraiment que j’me serais détournée pour gentiment palabrer avec ma chef ? Tsss, naïve petite chatte. La lune était voilée avant même que l’Assemblée ne commence et personne n’avait rien vu… C’est alors que le plus horrible de nos cauchemars à débouler : non pas une meute de renards, non pas un troupeau de blaireaux stupides, mais des bipèdes escortés par leurs fidèles amis aux cerveaux pesant le poids d’une souris morte ! La salive a aussitôt afflué à leurs babines et j’ai cru, grand ciel, que le Clan des Etoiles, ce pauvre ramassis d’incapables, nous tombait sur la tête ! Haha ! Ca aurait été vachement drôle si certains avaient pété des durites ! Mais à la place, j’ai été la première à être saisie de mon vaillant instinct guerrier si gracieusement salué à la fin des combats en me laissant en plan. Passons. 
Majestueusement coordonnés, nous nous sommes rués tous ensemble, une Assemblée entière ! sur les étrangers : les chiens ont répondu aussi sec par des aboiements tonitruants et les bipèdes se sont mis à brailler des ordres dans leur langue maudite. Les griffes, les crocs et les hurlements étincelaient, résonnaient, fendaient l’air comme des missiles et s’abattaient dans des grands bruits. Les claquements de mâchoire résonnaient dans la combe et à chaque fois, nous tendions l’oreille en guettant le cri déchirant d’un des nôtres, chaque fois soulagés en entendant rien de plus qu’un grognement de colère indiquant que nos camarades repartaient à l’assaut. Les chiens étaient patauds, et quelques uns seulement ont été particulièrement zélés, mais la plus grosse menace, c’étaient ces monstres de bipèdes. J’me souviens avoir entendu filer au-dessus de moi un morceau de je-ne-sais-quoi craché par leurs étranges tubes sciés qui ne ressemblaient à rien de connu dans le milieu naturel. Il y avait eu une impressionnante déflagration, le cri aigu du morceau de « truc » catapulté à une vitesse effroyable, et le sol s’est ouvert derrière moi sous son impact. Mon coeur battait si fort que j’étais surprise de ne pas succomber à une crise cardiaque. Le bon vieux temps… Hahaha !
Poussière d’Étoile m’a aidé à plus d’une reprise et je me souviens avoir vu - entraperçu en fait - Âme de Feu voler au secours de Coeur de Loup et Coeur Veineux, ce dernier ayant été enfermé dans une cage de bipèdes. Comment on s’en est sorti ?      K-k-k, grâce au courage de cette poignée de félins qui se relevaient malgré les coups endurés. Étoile de Saphir a perdu une vie ce soir-là je crois. Enfin bon, c’est confus. D’ailleurs, maint’nant que j’y pense, je ne me souviens même pas avoir vu de guerriers du Clan du Soir. J’étais probablement trop « concentrée » par ma bataille. Parmi les blessés, Âme de Feu, Poussière d’Étoile , Étoile de Saphir, Lune Argentée - en même temps, elle c’était un vrai débris ambulant -, moi et… et j’sais plus qui d’autre, ont a été touchés par balle. Des morceaux d’une matière plus dure que la pierre, brillants sous la lune et profondément logés dans nos chairs. On a siiiii mignonnement posé des toiles d’araignée sur ma plaie mais personne n’a pensé à me retirer la balle !! Ces espèces de sombres crétins m’auraient laissé crever la gueule ouverte et l’épaule en état de décomposition avancée si Nuit Étoilée et Âme de Feu ne m’avaient pas retrouvé quelques jours plus tard tandis que je fuyais l’antre du guérisseur de mon Clan. Oh, j’m’en souviens maintenant… ! J’ai longtemps cru me souvenir qu’on m’avait abandonné directement sur place, au lieu de l’Assemblée, mais il s’est avéré qu’ Étoile de Saphir et Éclair d’Argent m’ont ramené au camp après les soins rudimentaires de Feuille Argentée -vous vous en doutez, c’était une guérisseuse. J’ai rampé dans un accès de fièvre jusqu’au lieu de bataille où je n’ai plus eu la force de continuer, ayant rouvert ma plaie sanguinolente et suintante de pus, et c’est l’odeur de mort qui émanait de moi qui a conduit les deux Aubistes jusqu’au sommet de la bute surplombant la combe où se réunissent les Clans. Là, ils m’ont attrapé et ramener chez eux tant bien que mal. 
Mais qu’est-ce qu’on s’en fout, hein ! Le plus important, a priori, c’était la « victoire »… Tu parles. Ils ne se sont même pas rendus compte que je n’étais plus dans le Clan, mes si gentils camarades. J’ai le vaaaague souvenir qu’ 
Âme de Feu a organisé diverses patrouilles non loin du Grand Roc pour s’assurer que les bipèdes ne viendraient pas se venger, et c’est probablement grâce à l’une desdites patrouilles qu’ils m’ont trouvé avec Nuit Étoilée … Enfin… Ca remonte. Et tout ça, aujourd’hui, ce n’est plus que le vestige de l’un de mes plus lointains souvenirs datant de l’époque où j’étais encore heureuse. Maintenant… faîtes-en c’que vous voulez, je m’en moque. Oubliez cette histoire ou racontez-là à vos mioches -ça leur fera faire de beaux cauchemars !

Requiem de l'Ecureuil, un vieil esprit malade.
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